Feu d'artifice dans les vases

11 nov 2021

Le Mauritshuis offre un aperçu de l'histoire colorée des natures mortes néerlandaises
au 17e siècle (1600-1730)
À l'occasion de son bicentenaire, le Mauritshuis offre à ses visiteurs un bouquet coloré, constitué des meilleures natures mortes de fleurs du 17e siècle. Le musée possède lui-même une très riche collection de peintures florales, chefs-d'œuvre d'Ambrosius Bosschaert, Roelant Savery, Jan Davidsz de Heem et Rachel Ruysch. Ce n'est pas un hasard si ces bouquets peints font partie des œuvres favorites de la collection. Avec l'ajout d'œuvres empruntées venant du monde entier, nous racontons la fascinante histoire de ce genre dans l'exposition « En pleine floraison ». En plus d'un siècle, depuis environ 1600 jusque vers 1730, la nature morte florale a connu un développement remarquable, depuis des bouquets fantaisie « impossibles » et des constructions audacieuses à des œuvres exposées somptueuses. Mais toujours très décorative, avec des détails à couper le souffle, un festin de couleurs... et plein de petites bestioles.

Tige longue

Vers 1600, la nature morte florale est « soudain » apparue en tant que genre indépendant, influencée par l'intérêt croissant pour la collecte et l'étude de fleurs et de plantes exotiques notamment, qui avait débuté au 16e siècle. Le jardin botanique de Leyde a été fondé en 1594 (le premier aux Pays-Bas) et de plus en plus de gens ont commencé à se vouer à l'étude scientifique de la flore et de la faune. Le premier peintre à se consacrer exclusivement à la nature morte florale fut Ambrosius Bosschaert. Vers 1618, il peint un énorme bouquet situé dans une niche (Vase avec des fleurs à une fenêtre). Chaque fleur est reproduite exactement telle qu'elle apparait dans la nature, mais les 30 différentes fleurs n'ont jamais toutes fleuri en même temps. Le bouquet lui-même est également imaginaire : toutes les fleurs sont situées à l'avant, de sorte qu'en réalité, il perdrait immédiatement l'équilibre. En outre, la fleur du haut devrait avoir une tige improbablement longue pour se situer au-dessus des autres.

Effet de profondeur

La plupart des peintres de la période 1600-1630 ont réalisé des bouquets imaginaires détaillés dans lesquels chacune des fleurs a été représentée avec le plus grand soin. Et plus il y avait d'espèces et plus elles étaient rares, mieux c'était. Après 1630, ce style a changé. Les bouquets sont devenus moins frontaux et moins symétriques. Le respect de la réalité dans la peinture est devenu de plus en plus important. Hans Bollongier peint en 1639 un bouquet un peu plus « désordonné » que ses prédécesseurs (Nature morte aux fleurs, Rijksmuseum). Moins frontal, moins de symétrie. Les fleurs du fond sont moins exposées à la lumière, ce qui donne plus de profondeur à l'œuvre.

Dans les années 1730, les bulbes de tulipes sont devenus très convoités, ce qui conduit à une spéculation spectaculaire, puis à une crise tout aussi conséquente. Parfois, le montant payé pour un bulbe de tulipe s'élève au prix d'une maison en bordure de canal. En 1637, le commerce s'effondre, laissant des centaines de personnes dans la ruine. Ceci est représenté dans l'illustration « La folle voiture de Flora » : les gens suivent la voiture de Flora et se dirigent directement dans la mer.

Spectacle

Dans la seconde moitié du 17e siècle, la nature morte florale a reçu une mise à jour, ce qui donne des bouquets « explosifs ». La tulipe, l'ancolie et la fritillaire pintade ont été rejointes par des variétés spéciales telles que la rose de Provence, l'hortensia de Virginie et le pavot somnifère. Willem van Aelst (Nature morte florale avec montre, 1663) et Jan Davidsz de Heem (Vase avec des fleurs, vers 1670) ont fait de leurs natures mortes de fleurs de véritables modèles du genre. Tout devait séduire visuellement : des fleurs cachées, des petites bestioles partout, de superbes jeux de lumière, beaucoup de couleurs et de beaux vases. De même, dans les travaux de Abraham Mignon (Fleurs dans un vase en verre et Fleurs dans un vase en métal, les deux vers 1670), l'exubérance est à son comble. Vers 1700, les feux d'artifice dans les vases se font plus discrets et les peintres reviennent à une dépiction florale quelque peu plus calme. Chez Rachel Ruysch, l'une des femmes peintres les plus abouties dans ce genre, nous trouvons en 1700 un bouquet plus modeste qui, assez remarquablement, est déjà en train de se faner. Ruysch a même déjà coupé une fleur dans le tableau. Les fleurs, et leur courte durée de vie, pouvaient représenter le caractère éphémère de la vie elle-même.

Design durable

Tom Postma Design à Amsterdam est responsable de la conception de En pleine floraison. Dans l'exposition, les murs seront habillés de bio-stratifié, un matériau durable et de haute qualité, fabriqué à partir de produits résiduels. Il utilise notamment des résidus floraux de l'industrie des bulbes. L'une des fleurs utilisées est la flamboyante Tulipe de Rembrandt. Les pigments extraits des fleurs donnent la couleur aux murs. Les fleurs sont également intégrées dans le matériau, de sorte que la structure des feuilles, ou parfois la fleur entière, reste reconnaissable. Après l'exposition, les panneaux muraux seront sciés et transformés en meubles qui seront mis à la vente. 95 % des matériaux utilisés dans l'exposition seront fabriqués de manière durable.

En pleine floraison

17 février - 6 juin 2022

 

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